Les enfants crient, tapent, mordent. Et ça s’explique
Tous les parents sont confrontés à un moment ou à un autre, à ce que l’on appelle les « tempêtes émotionnelles » de ses enfants. L’être humain ressent plusieurs émotions, généralement on les classe en 7 catégories : la colère, la tristesse, la peur, l’amour, la joie, le dégoût et la honte.
Jusqu’à l’âge d’environ 6 ans, les enfants peuvent crier, frapper, jeter, griffer ou mordre lorsqu’ils sont soumis à une émotion forte ou à une grande colère est une réaction « normale » chez les enfants. L’émotion est vécue à 100% et parfois l’enfant est dépassé par l’intensité des sentiments qu’il ressent ou de besoins qu’il n’arrive pas à exprimer.
L’éducation respectueuse permet à l’enfant et au parent de gérer le plus sereinement possible les tempêtes émotionnelles, qui peuvent arriver fréquemment chez les enfants en bas âge.
La maturité cérébrale de l’enfant
Les enfants n’ont jusqu’à 6 ans environ, pas la maturité cérébrale pour gérer pleinement leurs émotions.
Dans son livre Lettre à un jeune parent : ce que mon métier de pédiatre et les neurosciences affectives m’ont appris, Catherine Gueguen rappelle qu’on petit enfant qui pleure ou qui se met en colère n’est pas en train de « manipuler » ou de « tester » ses parents, il fait simplement face à une réaction physiologique de son corps.
Les connexions neuronales capables de réguler les émotions ne sont pas encore en place, et commencent tout juste à l’être vers l’âge de 5/6 ans. Votre enfant peut à ce stade, ne pas savoir faire face à ses émotions.
« Quand vous comprenez que votre enfant petit est extrêmement immature, fragile, qu’il est traversé par des émotions très fortes qu’il ne contrôle pas, qu’il ne le fait pas exprès, qu’il ne cherche pas à vous contrarier, que ce ne sont pas des caprices, votre regard sur lui change. De sorte que vous avez envie de le câliner davantage, de le rassurer et non de le réprimander… »
Plus l’environnement dans lequel grandira votre enfant sera sain et serein, plus il sera facile pour lui de développer les connexions neuronales adéquates. Vous êtes son pilier.
La figure d’attachement
Est ce que vous vous êtes déjà posé la question : Pourquoi c’est toujours avec moi qu’il fait ses crises ?
Parfois il est difficile de comprendre pourquoi votre enfant à des comportements particuliers avec vous, alors que votre nounou, la crèche ou même l’école vous fait des compliments élogieux sur le comportement de votre enfant. Vous avez du mal à comprendre pourquoi cette différence d’attitude ?
La théorie de l’attachement, c’est quoi ? John Bowlby, psychiatre et psychanalyste anglais, nous indique que la théorie de l’attachement consiste à dire que l’enfant a un réel besoin de créer une relation affective privilégiée avec un « donneur de soin », que l’on appelle figure d’attachement principale. Cette relation affective permettra à l’enfant de se développer normalement sur le plan affectif et social.
La figure d’attachement est la personne qui s’occupe le plus souvent de l’enfant, c’est très souvent un des 2 parents (encore très souvent la maman) mais ce n’est pas une règle établie. C’est l’enfant qui choisit sa figure d’attachement, et une fois choisie elle devient irremplaçable.
Toutefois, à partir de 2 ans environ, l’enfant peut mettre en place des attachements multiples et permettre à l’enfant d’explorer le monde sereinement en s’éloignant de sa figure d’attachement principal.
Avec les autres votre enfant retient ses émotions, c’est un réflexe de survie. Ne sachant pas comment pourraient être accueillies ses émotions, il les cache. Avec vous, sa figure d’attachement, il se sent libre d’être lui même et c’est à ce moment là qu’il va « exploser », laisser s’échapper toutes les émotions accumulées.
Les causes d’un comportement inapproprié
Tous les enfants peuvent à un moment où à un autre de leur développement, mordre, taper ou griffer pour s’exprimer. Et ce n’est pas dans le but de faire du mal lorsqu’ils sont petits. Plusieurs explications peuvent être données à un comportement inapproprié :
- il ne peut pas exprimer ses besoins avec des mots
- l’immaturité cérébrale qui empêche l’enfant de gérer ses émotions et réguler ses impulsions
- une surstimulation sensorielle qui gène l’enfant (trop de bruit, trop de lumière, trop de mouvement ou d’activité dans l’environnement)
- un besoin d’expérience et d’expérimentation des relations de cause/ conséquence
- un état de fatigue ou de stress intense qui empêche l’enfant d’être en pleine possession de ses capacités d’expression de ses sentiments
- un besoin de stimulation orale, de se soulager les gencives quand les dents poussent (pour les morsures)
- un besoin de jeu libre, d’autonomie
- une façon d’indiquer que sa « bulle physique » a été dérangée.
Peut-on éviter les crises ?
Pourquoi est ce qu’il est important d’essayer de créer un environnement le plus sain possible pour vos enfants ?
Plus son cadre de vie sera adapté à ses besoins et moins vous serez confronté à d’éventuelles crises.
Pourquoi vouloir éviter les crises ?
Une crise n’est pas un soucis en soit, là où il peut commencer à y avoir des soucis c’est quand ces crises sont fréquentes et intenses.
A chaque crise votre enfant sécrète du cortisol, pour faire simple c’est une hormone du stress, et cette hormone est extrêmement longue à disparaitre de l’organisme une fois secrétée. Pour chaque minute de cortisol secrétée, il lui faudra une heure pour être dissipée dans l’organisme. Et pendant ce temps là, le corps est tellement occupé à faire disparaitre le cortisol que les apprentissages sont stoppés.
Je vous montre un petit schéma qui aide à bien se rendre compte de l’impact des crises à répétition sur le développement de l’enfant.
Maintenant qu’il est plus clair, de pourquoi il faut éviter les crises dans la mesure du possible, on peut essayer de comprendre pourquoi la crise survient.
Pourquoi la crise survient ?
On retrouve souvent 2 motivateurs des crises :
- on demande à l’enfant de faire quelque chose qu’il n’a pas envie de faire : c’est l’heure de partir / il faut manger / il faut se laver etc…
- on empêche un enfant de faire ce qu’il a envie de faire : on dit non / on bloque l’accès ou la possibilité de faire
Dans les deux cas, c’est l’adulte qui est l’instigateur du mécontentement de l’enfant et donc de la crise.
Un enfant peut-il toujours faire ce qu’on lui demande ?
Lorsque vous demandez quelque chose à votre enfant, c’est à vous adulte de vous assurez qu’il est en capacité de le faire.
Si votre enfant n’est pas en capacité de le faire : capacité physique ou psychologique, va alors s’instaurer un rapport de force, pour se faire obéir. Et ce n’est pas ma vision des choses !
Pour essayer d’identifier la cause d’une réaction, vous pouvez vous poser les questions suivantes :
- que s’est-il passé juste avant ?
- l’enfant a-t-il les capacités d’exprimer ses émotions ou de formuler ses besoins (mots / gestes)
- quel était l’état de votre enfant avant la tempête émotionnelle. Le moment de la journée peut influer sur les sensations ressenties par l’enfant (faim/fatigue/stress)
- quel est le niveau de développement moteur/ émotionnel de l’enfant ?
- l’enfant avait-il manifesté de la détresse ou de l’agressivité quelque temps avant ?
- qui a été touché par le geste inapproprié ? est-ce toujours / souvent le même personne ? est ce qu’il y aurait un lien ?
- quelle était l’ambiance du lieu où s’est passé l’évènement ? (beaucoup de bruit ? beaucoup de lumière ?)
- quelle était la situation de l’enfant ? Était-il avec ou loin de sa figure d’attachement ?
Le parent ne doit pas se positionner comme supérieur à l’enfant, mais comme guide de l’enfant. Et en tant que guide, il est de votre devoir de vous assurer que toutes les conditions sont requises pour permettre à votre enfant d’avancer dans de bonnes conditions.
Il est important de remettre en perspective nos demandes et nos attentes, de prendre un peu de recul sur ce qu’on leur demande et la légitimité de nos demandes.
- Est-il plus pertinent de manger à heures fixes ou de manger quand on a faim ?
- Est-il important de se laver tous les jours au risque d’abimer notre peau ?
- Est-il nécessaire d’interdire toute forme d’écran quitte à rendre notre quotidien plein de rancœur ?
Vous êtes vous déjà posé ces questions, sur le fondement de vos demandes, de vos attentes ? Qu’y a-t-il derrière ? Des croyances ou des vérités scientifiques et humaines ?
Je pose ça là, comme ça …
Remettre en perspective nos attentes
Remettre en perspective vos attentes va apaiser votre quotidien, je vous assure !
Il n’est pas question de remettre, toutes vos attentes en perspective d’un coup d’un seul. Mais lâcher prise, progressivement sur ce qui vous tient le moins à cœur, sur ce qui est moins profondément ancré, et vous verrez que vous gagnerez en sérénité.
Il est important de se demander pourquoi nous disons « non » à notre enfant.
Faites l’expérience, la prochaine fois que vous direz non, demandez vous instantanément pourquoi. Il y a 90% de chance que vous prononciez ces phrases : « parce que c’est dangereux », « parce que c’est sale », « parce que ça ne se fait pas ». Soit… prenons les dans l’ordre :
- « parce que c’est dangereux »: dangereux ? à quel point ?
Utiliser un couteau adapté n’est pas dangereux et peut même aider votre enfant à développer sa motricité fine.
Monter sur une table n’est pas dangereux si votre enfant sait la monter et la descendre, encore faut il qu’il l’est appris.
.Traverser une route en courant, c’est dangereux et il faut trouver une alternative pour que votre enfant ne se mette pas en danger. - « parce que c’est sale »: sale ? à quel point ?
Ramasser des branches de bois dans la nature n’est pas sale, c’est la nature, et si on se lave les mains en rentrant tout est ok.
Ne pas se laver les dents à tous les repas, si on a une alimentation saine, ce n’est pas sale et ça n’aura même pas d’incidence sur le développement de la dentition. - « parce que ça ne se fait pas »: ça ne fait pas ? et pourquoi ?
Monter le toboggan à l’envers, ça ne se fait pas ? Pourquoi ? c’est ok si ça ne gêne personne, si votre enfant ne dérange pas les autres enfants.
Manger avec les mains, ça ne se fait pas ? Pourquoi ? c’est ok si votre enfant en a besoin, ça fait partie de l’apprentissage du rapport à la nourriture.
Lâchez prise, laissez vous vivre, soyez plus cool avec vous même. La plupart des barrières que vous vous mettez sont dans la tête, et à cause de croyances populaires. Essayez de sortir de tout ça, même un peu, vous verrez vous respirerez mieux.
Dans cette démarche il y a un autre point qui me semble important à soulever, c’est la frustration. Vous entendrez très souvent qu’il faut habituer, le plus tôt possible votre enfant à gérer la frustration parce que, « dans la vie, il sera forcément confronté à des personnes qui lui diront non et il ne saura pas réagir ».
La seule question que j’aurais à vous poser, c’est : préférez vous que vos enfants soient animés par leurs convictions et expriment leur volonté quelle qu’elle soit ou préférez vous que vos enfants soient résigner, sans convictions ni passion ?
A votre avis, quelle position d’adulte amène à quel comportement de l’enfant ?
Bref, je m’égare un peu, même si tout est lié. Revenons à nos crises…
Parfois vous aurez l’impression d’avoir réunis tous les critères et pourtant ça ne fonctionne pas, je vous rassure ça arrive et c’est ok.
Il faut juste apprendre comment réagir dans ses moments là.
Anticiper les crises
Au moment même de la colère, le cerveau de votre enfant n’est pas capable de réagir aux stimulis extérieurs, il a déjà bien à faire pour gérer son état émotionnel de crise.
Alors comment faire ?
Se préparer, à froid, avant les crises
Malgré toute votre bonne volonté, il est compliqué d’arriver à un quotidien avec aucune tempête émotionnelle à l’horizon.
Le meilleur moment pour s’y préparer c’est à un moment, où la crise n’est pas ou plus là. Plusieurs heures après la crise ou à un moment totalement neutre. Votre enfant sera plus serein, mais vous également. Parce que si vous vous penchez sur votre ressenti au moment de la crise de votre enfant, généralement vous bouillonnez à l’intérieur.
Trouvez votre moment idéal pour débriefer, ressentez le moment opportun pour vous et votre enfant. Privilégiez un moment calme, où vous avez rempli votre réservoir affectif et où vous êtes ok pour engager une discussion à cœur ouvert.
Chez nous, notre moment privilégié est souvent le soir avant de dormir, pendant votre relaxation/massage pour évacuer toutes les tensions de la journée et passer une nuit sereine.
Assurez vous d’abord que votre enfant a envie d’en parler et qu’il est prêt à en parler. Si ce n’est pas le cas, respectez son choix et si c’est trop dur pour vous de garder ce que vous avez sur le cœur, parlez en avec un adulte qui saura vous écouter pour vous libérer de ce poids.
» Une relation bienveillante, empathique, soutenante permet au cerveau de l’enfant de se développer. »
Une fois que vous êtes ok avec votre enfant pour en discuter à froid, il y a encore quelques petites astuces à retenir :
Ne pas revenir sur le comportement malheureux
Il faut éviter de revenir sur le comportement inapproprié de votre enfant. Pour la simple raison que plus on évoque quelque chose, plus le cerveau va l’imprimer. Et ce qu’on cherche, c’est tout l’inverse.
Lorsque mon fils a commencé à répéter des « gros mots », nous avons mis un point d’honneur à ne pas relever son comportement ni les mots utilisés. En quelques jours à peine, si ce n’est quelques heures, on ne les a jamais plus entendus.
D’autre part, le cerveau de l’enfant jusqu’à 7/8 ans environ ne gère pas bien la négation. Dans un premier temps, le cerveau de votre enfant ne pourra pas entendre la négation de votre phrase. En grandissant, vous vous rendez compte que votre enfant, comprend la négation puisqu’il l’utilise lui même dans certains moments opportuns. Mais la réaction physique de l’enfant sera plus rapide que l’analyse cérébrale.
Vous voyez où je veux en venir ? Si vous demandez à votre enfant « ne traverse pas la route seul », son cerveau va se focaliser sur les mots importants. Il va donc interpréter « traverse », « route » et « seul » et enfin « ne pas », mais c’est trop tard. L’action aura été plus rapide que l’analyse cérébrale.
Isabelle Filliozat donne l’exemple suivant : « Si je vous dis, là tout de suite, ne pensez pas à un zèbre qui court dans la savane ! N’y pensez surtout pas ! Vous venez de le voir dans votre tête, je me trompe ? Votre cerveau va devoir analyser le mot zèbre et donc y penser. Vous n’aurez pas suivi la consigne malgré vous. C’est exactement la même chose avec nos enfants. »
Quand on a compris ce qui se passe, on est plus à même de trouver des solutions.
Proposer des alternatives
Vous pouvez proposer à votre enfant des alternatives à ce qu’il utilise actuellement lors de ses tempêtes émotionnelles.
Plus ces gestes lui seront familiers et agréable et plus il aura tendance à les utiliser, comme mécanisme réactionnel, au bon moment.
« Quand tu te sens fâché, en colère ou énervé … tu peux : »
- Sauter sur place
- Jeter un ballon (une balle ou tout autre objet adéquat)
- Aller taper sur un coussin, un oreiller
- Souffler très fort, c’est ce qui a cartonné avec mon fils. Ensuite on a décliné ça de plusieurs façon : souffler sur des bougies pour les éteindre (sous surveillance évidemment), ou souffler sur les moulins à vent pour les faire tourner lentement, rapidement, très très vite et apprendre à faire pour la cohérence cardiaque
- Rugir comme un dinosaure ou comme un lion
- Battre des bras comme un oiseau
Se montrer compréhensif et calme
La première réaction de l’adulte qui est témoin de ces comportements est souvent de réagir, voir surréagir. ça s’explique, et un sentiment d’inquiétude, de frustration et d’embarrassement peut survenir. A ce moment là, nous nous retrouvons face à nos propres croyances et ça remet en cause les principes de non violence, de respect des autres et d’intégrité physique qui nous anime.
Toutefois dans ces moments là, ce que les enfants ont besoin que vous soyez le plus calme possible. Votre enfant a, dans ces moments là, surtout besoin de savoir que quoi qu’il arrive vous continuerez à l’aimer.
Rassurez le en lui disant que vous comprenez ce qu’il ressent, en lui montrant que vous acceptez ses émotions, ses besoins et que vous l’autorisez pleinement à les ressentir et à les exprimer.
Ce n’est pas être en colère qui est inapproprié, c’est la manière dont cette colère est exprimée qu’il faut réussir à structurer.
Redonner confiance
Notre posture est plus empathique à froid, une fois que la tempête est passée. Parce que nous même, parents, sommes aussi redescendus en pression.
Plutôt que d’intervenir en râlant, même parfois en criant, comme lui. Il est important de prendre du recul, parfois même de quitter la pièce en expliquant à votre enfant pourquoi. « Je vais faire un tour dans la cuisine, pour me permettre de retrouver ma sérénité, je t’aime de tout mon coeur et je reviens vers toi avec toutes mes capacités pour t’aider à gérer ton émotion de la meilleure des façons ».
Eviter de donner l’étiquette de « mordeur / frappeur / griffeur » à votre enfant, les étiquettes ont tendance à enfermer les enfants dans leur rôle. L’enfant qui « mordeur » aura tendance à reproduire ce comportement, car le cerveau pensera que c’est ce qui le défini
Développer le language des émotions
Les émotions sont compliquées à apprivoiser et votre enfant aura besoin de les découvrir, de les observer et de les tester pour en comprendre tous les ressorts. Une fois que vous êtes connecté émotionnellement avec lui, vous pouvez lui proposer des outils :
- des jeux autour des émotions : mémos, cartes de nomenclatures, jeux de rôle, de théâtre
- faire des lectures autour des émotions (je vous ai préparé une section de livres autour des émotions dans l’article ici)
- développer les émotions ressenties par des phrases comme celles-ci :
“Si tu veux jouer avec un autre enfant, tu peux lui demander s’il a envie de jouer avec toi”
“Si X. te prend un jouet des mains, tu pourrais lui expliquer : “X., c’est le mien et tu peux me demander si tu le veux”
“Si X. pleure parce que tu l’as mordu, tu peux le consoler et lui dire que tu es désolé. Ça lui fera du bien au coeur.”
“A ton avis, de quoi X. qui pleure aurait besoin de ta part pour aller mieux ?”
Décharger ses émotions
N’hésitez pas à proposer à votre enfant des temps de décharge qui lui permettrait de décharger ses émotions sans en arriver à des tempêtes émotionnelles.
Des émotions nous en avons tous, tous les jours. Selon nos tempéraments nous les gérons différemment. Mais ce qui est sur, c’est que chacun d’entre nous a, à un moment ou un autre, besoin de faire sortir ce trop plein d’émotion (émotion positive ou négative, d’ailleurs).
Jouer est une manière formidable d’évacuer les tensions, de créer du lien, de renforcer l’attachement et de donner confiance.
Vous pouvez aménager des coins sans risques, dans lesquels vos enfants vont pouvoir sauter, se laisser tomber, rouler, taper des poings, taper des pieds, faire les fous et laisser leurs émotions s’apaiser doucement.
Le jeu préféré de mes enfants en ce moment, c’est que je les porte et que je les fassent tomber. Soit je les porte avec les pieds, en les faisant voler et d’un coup « boum » dans les coussins. Soit je les portent dans mes bras et d’un coup « bam » sur la couette.
Vous pouvez proposer n’importe quel jeu qui leur permet de se défouler, d’avoir un contact physique et de passer un moment de qualité avec vous.
Ce sentiment d’euphorie, leur permet de secréter dopamine, ocytocine, sérotonine, endorphine, les fabuleuses hormones du bonheur.
Intervenir au moment de la crise
Malgré tout ça, il se peut tout à fait que des crises surviennent encore. L’essentiel est d’éviter qu’elles se répètent trop fréquemment.
Qu’est ce qu’il faut éviter et pourquoi ?
❌ Lui demander d’arrêter
Vous pensez bien maintenant, que si votre enfant pouvait s’arrêter seul il le ferait. Mais à ce moment là, il ne peut pas, il a besoin d’aide pour y arriver.
❌ Le laisser seul sans explication
Si vous laisser votre enfant seul lors d’un moment de détresse intense, il peut le ressentir comme un abandon
❌ Le punir / l’isoler
Au même titre que de laisser l’enfant seul sans explication, l’isolement est considéré comme une VEO (violence éducative ordinaire). Les punitions, humiliations ou isolements n’agissent pas sur les raisons qui poussent l’enfant à agir de la sorte et n’apporteront aucune aide à votre enfant pour trouver des solutions pour agir d’une façon plus adaptée. Vous risquez tout au plus à générer un stress important et entretenir les raisons du comportement agressif.
« Rien n’est plus effrayant pour un enfant que le retrait d’amour. «
❌ Lui poser des questions
Si vous questionnez votre enfant sur le pourquoi de son état, vous verrez très certainement que soit vous n’aurez pas de réponse, soit les réponses ne seront pas logiques par rapport à votre question. A ce moment là, le cerveau de l’enfant est en train de gérer la tempête émotionnelle et n’a pas la capacité de raisonner. Ce n’est pas de la mauvaise volonté mais simplement une capacité qu’il n’a pas à un instant t.
❌ Le contenir physiquement
Lorsque vous contenez physiquement votre enfant, il peut en effet cesser ces gestes brusques mais vous ne lui permettez pas de s’apaiser, au contraire bien souvent.
Il va devoir trouver une autre stratégie pour évacuer ses tensions, qui ne sera pas forcément plus acceptable.
Vous risquez aussi de fragiliser le lien qui vous lie en créant une posture de dominant/dominé. Vous avez plus de force physique donc vous dominé votre enfant. Et ce n’est pas ce que vous voulez qu’il ressente.
Une croyance populaire voudrait qu’un enfant qui mord soit mordu en retour pour « comprendre ce que ça fait ». ATTENTION, c’est vraiment une idée reçue et le message que vous véhiculé ne sera vraiment pas celui auquel vous vous attendez. en plus de reproduire une action violente sur votre enfant (ce qui est interdit…), votre comportement lui indique que vous validiez que le fait de mordre, taper ou griffer est une manière de s’exprimer quand on est en colère, ou énervé.
Qu’est ce qu’il faut privilégier ? Et pourquoi ?
✔️ Parer les coups
Vous pouvez maintenir le bras ou le pied de votre enfant pour parer le coup. Attention toutefois à ne pas rentrer dans un jeu de force. Dès que votre enfant relâche son mouvement, relâchez aussi la pression de votre côté.
✔️ Accepter les émotions de votre enfant
Soyez prêt à accepter les émotions de votre enfant, il est en colère et il a le droit. Par contre certains gestes ne sont pas acceptables, rappelez lui calmement.
✔️ Etre là pleinement, avec lui
Soyez présent dans le moment avec lui, ne vous laissez pas distraire par des personnes ou des activités autour de vous. Montrez lui que vous le soutenez, que vous êtes là pour l’aider.
✔️ L’aider à faire autrement
Rappelez lui les clés que vous aviez appris ensemble pour s’apaiser, faites le avec lui si ça peut l’aider.
✔️ Lui parler avec des mots simples
Restez proche de lui, sauf s’il vous fait la demande de vous éloigner, et parlez avec une voix calme et apaisante, avec des mots simples et des phrases courtes.
J’espère que grâce à cet article vous pourrez maintenant mieux comprendre, l’énorme chamboulement qui se passe dans la tête de votre enfant lors de ses tempêtes émotionnelles.
il faut vous rappeler que ces comportements ne disparaissent pas du jour au lendemain, il faudra quelques temps pour que le cerveau comprenne et assimile les différents chamboulements qui interviennent.
Vous pourrez je l’espère revoir votre manière de réagir et l’accompagner de votre mieux pour l’aider à grandir et à développer sa confiance en lui.
Rien n’est plus important que de se sentir aimé et soutenu. C’est le plus beau cadeau que vous pourrez lui faire.